Depuis plus d’un an, Serge Granjon, historien et stéphanois, fait revivre au
travers de sa chronique « le roman de l’histoire « l’ histoire de notre cité, pour le plaisir de ses nombreux lecteurs.
A partir de Décembre, il se propose de vous faire découvrir ou redécouvrir ( les
articles mis en ligne ayant déjà fait l’objet d’une publication dan la Tribune le Progrès dans les années 1990, puis plus récemment édités chez Osmose ) le Saint-Etienne du second
Empire.
Une trentaine d’articles consacrés aux découvertes scientifiques, au progrès
social et aux Arts seront ainsi publiés dés le mois de décembre, chaque jeudi, comme c’est la coutume depuis plus d’un an.
Nous vous en souhaitons une belle lecture. Elsapopin
Saint- Napoléon : Une légende en marche
Si, chaque 28 janvier, la saint-Charlemagne ne restait célébrée que par les écoliers, le 15
août allait devenir, dans toute l’étendue de l’Empire, la fête emblématique du peuple napoléonien.
La cataracte le frappait de cécité, mais n’atteignait pas ses dons de visionnaire. Après le
Concordat et le Code civil, Portalis, le précieux serviteur, laissait à son maître, un héritage à l’épreuve du temps : le culte de la gloire greffé à l’épopée, assorti du merveilleux
chrétien.
Comme si Charlemagne lui servait d’archétype, il voulut déposer dans une église l’épée que
Napoléon portait à Austerlitz. La fameuse ‘’ Joyeuse ‘’ celle du plus grand des carolingiens, avait pris bien avant valeur de relique, surtout que depuis qu’en 1165, à
l’initiative de Barberousse, le nomarque était entré dans le cercles des saints.
Mais, Napoléon, déjà le surpassait. Il ne s’était pas déplacé à Rome pour son sacre : il
avait convoqué le Pape à Paris. Il devait faire mieux encore, par décret du 19 février 1806.
Puisqu’il avait pris sa couronne des mains du Pape, pourquoi n’aurait-il pas songé à
s’auto-canoniser par avance ?
Il créa la saint-Napoléon, fixée au 15 août, le jour de sa
naissance.
L’Assomption s’en trouvait reléguée au second plan. Le décret prévoyait une procession
, suivie d’un Te Deum en présence des autorités.
Le 31 juillet 1807, le ministre de l’intérieur précisait au préfet de la Loire l’esprit du
décret : même s’il ne l’avait pas été ordonné officiellement, l’amour et la reconnaissance des citoyens ‘’ pour sa majesté les porteraient à se réunir dans les temples pour y remercier Dieu
du bonheur dont Elle les fait jouir ‘’.
Une fête jusqu’à la chute
:
En dehors de l’élan religieux de toute la population, le ministre en souhaitait un autre
dont il provoquait la spontanéité : il recommandait au préfet de ‘’ seconder l’élan ‘’ de jeux et d’amusements offerts aux citoyens jusqu’au
lendemain.
A Saint-Etienne les fêtes se déroulèrent conformément au rituel. En 1809 les notabilités,
avec ‘’ à leur tête une musique brillante et nombreuse ‘’ , assistèrent dans la grand Eglise à la messe solennelle. Le prêtre desservant Saint-Ennemond se chargea du sermon.
Puis, avant l’illumination du soir, les plaisirs et les danses se déroulèrent, comme les années précédentes, dans ‘’ La prairie de Saint-Roch ‘’. Les uns étendus sur l’herbe se
gorgeaient de vin à flots, quand d’autres chantaient et dansaient, tous âges et toutes classes confondus.
Le 15 août 1813, l’empereur jouait son va-tout dans une marche forcée au cœur de l’Allemagne. La pluie,
la boue où s’enlisait l’armée, et son anniversaire fêté sans entrain pour la dernière fois marquèrent là-bas la journée. Voulant croire que l’aigle impériale resterait éployée pour l’éternité, la
municipalité stéphanoise dictait son cérémonial : 21 coups de boîtes dès la veille au soir, les battants frappant les cloches des églises, les tambours annonçant la retraite et la générale,
les défilés réglaient comme papier à musique, le mariage civil de la rosière et le banquet en son honneur dans la salle des notaires, pendant que les danses publiques s’ouvriraient ‘’ dans l’un
des grands carrés de la place Marengo ’’…un nom bientôt exilé dans la chanson de geste.
Photo 1 : Portrait Napoléon
Photo deux : Place Marengo ( XIX éme siécle )
Saint-Etienne