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Comment ne pas être présente dans ma tête vide ?
Sur le masque creux de mon visage poussent
Sans fin les peaux fourmillantes de mes sens
Yeux, lèvres, oreilles, nez et langue, muqueuses
Tout est sensible ici et la vie me brûle
Ma peau à vif pèle partout toujours. Humains,
Gardez vos pommades durant ma mue.

Le printemps vient et les écorces bougent
Écailles de pin, peaux de bouleau et moi aussi
Les idiots croient les troncs inertes et sans esprit.
J’aime sentir la vie. Pas vous ? Vos têtes sont sales
Les mille petites pattes de la vie contagieuse
Cheminent et repoussent les portes de la mort.

Je veux bien être Job pour enfin jouer et jouir
De toute cette enfance morne et vide d’avant.
Vos mains crevassées ne caressaient jamais.
Je fuyais les gifles cuisantes de votre houssine,
Arrachée à la ronce. Mère, je vous en prie.
Un ami câlinait son martinet, derrière la porte
Il attendait tendresse, l’espoir en bandoulière.

Pas plus. Ne jugez pas. On m’a trop déguisée
Être habillée d’une peau suffira à ma joie.
Les grenouilles ne trahissent pas. Leurs sexes
Peau à peau fourmillent de plaisir simple.
Les humains mesurent minutieusement
Le temps. Ils en pleurent la brièveté. Et si,
Hors du temps, nous devenions éternels …

Les peaux du monde ont toutes leur avers
Leur douceur est cachée en dedans. La mienne
Aussi. Ici, germera bientôt un vert printemps,
Caché comme le début d’une grossesse. Alors,
Je serai arbre. J’étendrai au soleil mes branches
Et mes oripeaux translucides déchiquetés,
Comme drapeaux de prière en soie au Tibet.

Tout danse et vibre sur la peau du tambour.
Les pétales de SOI s’éparpilleront parmi
Les étoiles de toute la voie lactée et au delà
Dès le filigrane d’hiver, nait l’idée de la feuille
Avant la feuille. Et sa germination. Le modèle est
Soufflé en douce. Dans mon torse une émotion
Se déchire sous l’écaille des écorces de pin

Je mourrai peut être d’amour ? Non je respire et
Mon ventre clapote doucement comme un étang.
Une eau claire danse derrière mes dents récifs
Je rêve de lagons aux jolis noms et de lacs bleus
Cachés Et mes seins sont glacés. Mais tricher
Un peu au réveil est doux comme une caresse.
Une tour se dresse dans un berceau de racines.
Tiens! Magritte, sur la montagne…

Tag(s) : #poètes des profondeurs
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