Arc en Ciel - Dominique Goût - Rouge Raphael - Rouge De la Tour
I - Rouge
Raphael
Jeanne d’Aragon et Vénus vous l’auraient
dit
La Fornarina, d’accord, aussi.
Mais oui la robe de Léon X
Et celle de Jules de Médicis,
De Luigi de Rossi, aussi,
Du rouge pourpre cardinalice
Impressionnant à leur service…
Mais sur une robe de femme :
Couleur du plaisir amoureux, du vice
Caché sous des images d’antiques.
Pas si pur que cela, Raphael,
Dans le dessin, dans le pli d’un tissu,
Sous la lumière d’un velours cru
Une soierie parsemée d’or,
Sur la belle Jardinière, Vénus et Adonis
Le rouge se damasse et se tisse
Somptueux, s’alourdit, en redemande encore.
La Fornarina
II - Rouge
George de la Tour
Vous l’ai-je dit que Georges de la Tour m’attire ?
Son regard passe sous les bougies, se niche sous les visages crémeux, profilés
d’ombres…
Les Tricheurs : Ils sont quatre, trois sont de rose, rouge, vermillon
vêtus.
Au centre, la courtisane, empanachée, décolletée une plume rose à son turban ‘’ à
cornes ‘’,
Porte une robe compliquée à manches à crevés. Extravagante, dans un tripot, tout autant que
l’homme à droite, à la grande plume orangée, casaque à manche de
satin, et rubans roses.
Tout le costume évoque la fatuité du garçon. Le tout, dans des teintes fruitées. Oh ! Ces
rubans noués de satin rose !
Il est certain que ‘’ Saint Jérôme Pénitent ‘’ contraste.
Le corps du vieillard est impitoyablement décrit dans un dénuement extrême. Il a une
position invraisemblable. En calligraphie, La Tour suggère les plis de la peau de son visage, les mèches de cheveux, la barbe, la moindre ride, la moindre touffe de poils. Plus
dessiné que peint.
Malgré tout, le saint est enveloppé d’une douce lumière, son visage est
calme.
Et derrière lui, attirant le regard, un objet insolite : un grand chapeau cardinalice
à glands de passementerie, rouge aussi, claquant dans la pénombre de la cellule, impose le changement de couleur par le vermillon qu’il introduit.
Rouge dans le clair-obscur.
Simplicité évidente.