A Jean de la Fontaine, il faut rendre raisons.
Il a passé le temps, les modes, les saisons
Et ses fables nous suivent,
Alertes, tendres, douces, vives,
Quatre siècles plus tard, bijoux de vérité
Dans ce siècle désenchanté.
Un poète, longtemps, cherchait honneurs et Muse
Dans le salon des Immortels.
Avait-il quelque don, quelque appui, quelque ruse
Méritant les Autels ?
Personne ne saura ; car pour atteindre l'Art
Blanc-seing ne suffit pas, ne suffit pas dollar !
Cet écrivailleur de poèmes
Quêta pour sa paroisse et signa tous les thèmes
- Les mauvais trop souvent -
A chercher d'où venait le vent.
Notre barde d'un sou parut trouver asile
Auprès de ces flatteurs qui flagornaient son style.
Il pérorait. Dans ce régal
De grands énoncés plein de vide,
Vers l'Enéide,
Des héros il était l'égal !
Et l'on ne manqua pas de le lui laisser croire.
De cette histoire
Sans grande révolution,
Histoire de tout temps, toute condition,
Il apparaît, sans aucun doute,
Qu'égaler la Fontaine est ardu, somme toute,
Et que ce ne sont pas mille coups d'encensoir
Qui, donnés le matin, font poète, le soir !