Plaidoyer
L'ombre décline à sa façon
les allées et venues de l'arbre
immobile
accroché
à son lopin de terre
L'ombre s'attache aux pas du promeneur
l'accompagne
ou le précède
Elle en amenuise ou prolonge la silhouette
et le ridicule
L'ombre a la fraîcheur de l'ombre
mensongère en été
capable de mimétisme
au plus fort de l'hiver
Elle ajoute à la durée de la nuit
Elle ajoute au poids de la terre
récemment remuée
close sur la dépouille du mort
enseveli
sa sollicitude est perverse
L'ombre exagère
Elle amplifie les distances
la vague et le creux de la vague
L'ombre est irresponsable
Elle obéit aux règles solaires.
Poésie en Stéphanie - 1994