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Comme chaque année en janvier le Cercle des Lettres et des Arts de Saint-Etienne publie son dernier recueil Poésie en Stéphanie et c'est avec joie que le Dix vins Blog vous propose d'en découvrir les textes et poèmes tout au long de l'année chaque jeudi. Et pour commencer cette saison je vous propose un poème en prose de Grégory Ladret, auteur et poéte ( Ogar édition abribus ) par ailleurs administrateur du blog du CLA ( http://cercle-lettres-arts.blogspot.fr/ ). Belle lecture à vous !
Il fait chaud, songe le vagabond.
Il regarde son corps avancer malgré lui sur le revêtement grisâtre.
il est étranger à tout, même à lui-même, surtout à lui-même.
Il lui semble que c'est la terre qui défile sous lui, déployant au fur et à mesure ses interminables paysages.
Parfois, quand il sent la terre se fatiguer, il ralentit, jette une œillade à l'étoile invaincue au-dessus de lui et baisse la tête, à la recherche d'un lieu de repos.
Il s'assoit alors, absorbant la lumière, s’imprégnant des bruits du monde, et somnole, songeant au passé et au chemin qui vient.
Mais c'est une courte pause et le présent le rattrape.
La terre s'est reposée, elle veut continuer à défiler sous ses pas.
Alors, doucement il s'étire, se redresse et ses pauvres chaussures élimées caressent à nouveau la surface rugueuse qui s'étale devant lui.
Ne songeant à la faim et la soif qu'en dernier recours, il marche droit devant lui dans la fournaise du jour.
La fraîcheur du soir sera son lit. Du bonheur il ne rêve pas. Il ne veut qu'une chose : souffler.
ET vivre, mon vieux, vivre même parmi le métal, le béton, les indifférences et les mauvais regards.
L'existence est si étrange parfois, son mystère coule parmi les ombres.
Le résoudre serait mourir.
Le vagabond hume les senteurs et s'endort sous une lune partiellement dévorée.
Demain, il va pleuvoir.
