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Guillaume Apollinaire à Lou

Mon Lou,

Cette nuit encore, mon cher trésor, sachant que j’allais vous revoir aujourd’hui, je n’ai pas pu fermer l’œil. Je n’ai pas profité de la permission que vous m’aviez donnée, l’autre jour parce que toute chair me paraissait insipide après avoir eu l’avant-goût de la vôtre et aussi pour les raisons que je vous dirai.

Et pensant à vous , sinon sans espoir du moins avec un espoir si précaire et tout de circonstance, je me sens si malheureux que je souhaite que les démarches de Borie aboutissent le plus vite possible et que je puisse partir.

Dans le cas où vous auriez oublié la promesse que vous m’aviez faite d’une mèche de vos cheveux je vous la rappelle ici.

Je n’ai cessé de baisser ces précieuses démêlures que j’ai gardées avec moi-même la nuit.

C’était là quelque chose de vous et quelque chose d’infiniment sacré et plus digne encore, si haut je la place, que la chevelure de Bérénice d’être mise au rang des constellations.

Je baise vos mains chéries, ma chérie, et suis pour toujours votre serviteur.

Guillaume Apollinaire

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