Dans " le masque d'or " ( mask of Fu Manchu ) Boris Karlof cabotine à souhait dans le rôle de l'ancêtre de l'ombre jaune, un Ben Laden asiate alliant, lui aussi, un despotisme barbare et une modernité symbolisée par le laboratoire truffé d'éprouvettes et d'instruments bizarres traversés par des ondes électriques.
La nature et les connaissances scientifiques font bon ménage chez Fu Manchu, trois fois docteur ( en droit, en médecine et en philosophie ). Le joli minois de Myrna Loy grimée pour l'occasion ne parvient pas à doter d'un vrai potentiel érotique la fille du diabolique docteur livrée à ses passions sadiennes suggérées ici par le plaisir qu'elle prend à voir un émule de Flash Gordon fouetté par deux dacoïts musclés.
Jean Boullet, grand prêtre de la salle mythique du " midi minuit " jugeait le film comme " une sorte de jardin des supplices en délire, mis en scène par Ziegfeld et costumé par un Adrian paranoïaque ".
Fu Manchu est, en effet, inventif : le supplice de la cloche, le mur clouté qui rétrécit ( un classique ! ), et divers sérums de vérité...On nage donc en plein archéofuturisme puisque Fu Manchu recherche le sabre de Gengis Khan qui lui donnera la légitimité nécessaire pour régner sur la nébuleuse tiers mondiste.
Pour ne pas être accusé de plagiat, les scénaristes font explicitement référence à l'expédition Carter Carnavon et à la malédiction de Toutankhamon.
Nous sommes en 1931, le soleil ne se couche toujours pas sur l'empire britannique et, dans l'épilogue, nos héros semblent se réveiller d'un vilain cauchemar. Réunis sur le bateau qui les ramène en Angleterre ils jettent à la mer le masque et le cimeterre de Gengis Khan et retrouvent un Asiatique " normal " grassouillet et stupide, assigné à sa fonction de domestique.
My god, old chap, on a eu chaud !!!..
CINE PHILL