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Paris, été 1973, les grands travaux de l'ère pompidolienne qui verront éclore les belles tours de la Défense et le centre Beaubourg transforment la capitale en un vaste chantier irrespirable. Pas moins de 150 touristes disparaissent mystérieusement !!

Quand vient le tour de sa fille, le modeste libraire Rondin ( Michel Serrault ) décide de mener l'enquête et c'est alors que les catacombes lui révèlent un surprenant secret...

Il ne s'agit ni des " Compagnons de Baal " ni de " Rocambole " mais d'un film sympathique que Tchernia écrivit en collaboration avec son vieux complice René Goscinny dans lequel on retrouve ce qui nous fit sourire dans les premiers " Astérix " et nous incite à relire les " aventures du signore Spaghetti " et " Oumpahpah le peau rouge ".

C'est gentil, fin, intelligent, sans une once de vulgarité comme dit l'autre. Tchernia et Goscinny mettent au goût du jour le mythe des catacombes déjà exploité par Victor Hugo et la littérature populaire du XIXeme siècle.

" Les Gaspards " c'est Gaston Leroux revu par " Pilote ". On y égratigne joyeusement les hauts fonctionnaires de la Veme République, et ce ministre des travaux publics ( Charles Denner )découvrant le métro est plus vrai que nature!

La guerre entre la France d'en haut et la France d'en bas est déclarée !

A la tête des réfugiés des catacombes, Philippe Noiret campe un Gaspard de Montfermeil fort en gueule dont la révolte et l'indignation passent par le verbe et l'éclat.

Flanqué d'un prélat anachronique dans un décor XVIIIeme, il répond au bruit des marteaux piqueurs et des bulldozers en jouant " la truite " de Schubert au piano.

Quelques jolies filles pratiquent le naturisme montrant au spectateur de 1974 que le contestataire n'est pas le barbu crasseux et fainéant qu'il croit mais le détenteur d'un art de vivre mis à mal par le rouleau compresseur de l'hypermodernité.

Quelques loufoques comme cet officier allemand égaré depuis la libération de Paris viennent compléter l'effectif du phalanstère. Quant au libraire Rondin il ne sait peut-être pas encore qu'il est définitivement condamné à la clandestinité dans un monde où brûler les livres est inutile puisque les lire devient une purge !

Anars de droite et de gauche construisent empiriquement une utopie collective. Il suffirait d'une légère variation scalaire pour faire de ce gentil brûlot un cruel pamphlet.

La fin du monde avec cataclysme, tremblement de terre et pluie de météorites n'est pas pour demain mais nous sommes bel et bien persuadés que 1973, date du tournage des " Gaspards ", marque au moins le commencement de la fin d'un monde..

 

Tag(s) : #Ciné -phil - Philippe guillaume
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