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Au nom du peuple : les prix Napoléon

Le 15 août 1857, jour de la fête nationale, ils furent distribués pour la première fois.
Le préfet de la Loire, qui les avait crée, déclara  ‘’ agir avec le cœur de l’Empereur ‘’.
Il offrait ainsi au bonapartisme un habile outil de propagande.

A travers un rideau de pluie embrumant les façades sur la place Marengo, des ombres détrempées filaient vers la préfecture. Jamais la grande salle n’avait accueilli autant d’ouvriers qu’en cette fin de matinée. D’un côté de la scène, autour d’un bureau, le préfet présidait, assisté des membres du tribunal, du général de la subdivision, du maire,  du curé de la Grand’Eglise et d’une partie du clergé, et puis, en uniforme, de tous les fonctionnaires. De l’autre côté, les héros du jour : deux pauvres campagnardes endimanchées, coiffe en dentelle et galoches vernies, et sept braves tâcherons.

Une commission spéciale avait retenu cette poignée de lauréats sur les 122 propositions établies par les maires dans le département.

POUR EDIFIER LES FOULES

Les deux femmes remarquées étaient d’humbles domestiques dévouées corps et âmes à leurs maîtres depuis trente cinq années,  ‘’ modèles bien rares parmi les serviteurs de notre temps  ‘’, signala le président. Chez les hommes les inventeurs l’emportaient en nombre.
Jean Reverchon obtint le deuxième prix : une somme de 400 francs. Ce mécanicien stéphanois avait passé sa longue carrière à perfectionner  du ruban. Un autre ouvrier de Saint-Etienne avait consacré bien des lustres à modifier son outillage : c’était le sieur Barralon.  Il avait avec un plein succès, améliorer la lime et la ripe. Il reçut 200francs, ainsi que les frères Romier de Firminy. Fils d’un ouvrier cloutier, ils avaient, à force d’économie, crée un petit atelier pour la fabrication et l’aiguisage de faucilles. Il y appliquaient un procédé nouvellement breveté, dont les industriels appréciaient la valeur. Le préfet fit valoir qu’ils avaient amélioré  leurs conditions en restant défenseurs de l’ordre : par un travail intelligent, et non dans l’esprit d’un bouleversement social.

Devant eux, primés à 250 francs,  figuraient deux mineurs : l’un, Jean Terche de Saint-Genis-Terre-Noire, avait sauvé un camarade enseveli sous un éboulement. L’autre, Jean-Marie Desgranges, surnommé  ‘’ le brave  ‘’, était sous-gouverneur au puits du Cimetière, à Rive-de-Gier. Il ne se bornait pas à préparer ses hommes. Il défiait les danger pour en arracher souvent à la mort.

Onze ans plus tard, lors de la fête du 15 août 1868, le préfet de l’époque reconnaissait d’ailleurs que  ‘’ c’est au sein de cette nombreuse famille des mineurs qui exploitent le bassin de Saint-Etienne que se recrutent surtout les lauréats de notre institution. Comment s’en étonner ? Environné de périls incessants, le houilleur, à chaque coup de pic, peut faire sortir la mort. ‘’

Longtemps, la Réplique servit le prix Napoléon. Avec en moins la solennité du 15 août 1869 :  ‘’ Un siècle s’est écoulé depuis le jour où vint au monde la plus grande intelligente qui soit sortie des mains de Dieu : Napoléon, que la Providence destinait à fonder une dynastie immortelle  ‘’…

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puits Gouriot - Saint-Etienne


Tag(s) : #le roman de l'Histoire Serge Granjon
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