Au commencement était Fourier
« Je suis inventeur du calcul mathématique des destinées, calcul sur lequel Newton avait la main et qu’il n’a même pas entrevu. Il a déterminé les lois de l’attraction matérielle, et moi, celle de l’attraction passionnée, dont nul homme avant moi n’avait abordé la théorie. »
C’est ce qu’écrivit Fourier, en décembre 1803, au ministre de la Justice du Consulat. Il ajoutait que « la pauvreté est la principale cause des désordres sociaux », et non l’inégalité, tant blâmée par les philosophes, mais inhérente à l’homme. Les bourgeois ont toujours apprécié les cortèges des grands de ce monde, avec tout leur protocole. Et le peuple aussi, à condition de ne pas manquer du nécessaire. Sinon, « il prend en aversion les supérieurs et les usages sociaux. De là les troubles, les crimes et les gibets, triste appui de l’ordre civilisé…Il n’y a donc dans la science sociale qu’un problème à résoudre, celui de la métamorphose graduée, l’art d’élever chacune des classes de la civilisation au sort de la classe supérieure. Alors l’indigence et le mal-être seront extirpés, puisque la classe populacière sera devenue classe médiocre et jouira d’une honnête aisance comme nos petits bourgeois, qui sont les gens du monde les plus éloignés de l’esprit séditieux ».
Un instigateur du S.M.I.C.
Par conséquent Fourier proposait pour le peuple « un minimum décent au-dessous duquel il ne puisse pas tomber » pour que « l’administration (devînt) un badinage » et que, « dans l’harmonie, le gouvernement du globe entier (fût) moins compliqué que celui d’un empire civilisé ». Il souhaitait communication de sa lettre au Premier Consul, de manière à obtenir son appui. Il supposait que Napoléon allait « élever l’humanité sur les ruines de la barbarie et de la civilisation » (synonyme, pour Fourier, d’état social misérable). Mais il ne l’écouta pas et le philosophe, ulcéré, le traiterait plus tard d’ « avorton, en tout autre emploi que la guerre ».
Louis-Napoléon, le futur Napoléon III, n’était encore que le captif du fort de Ham lorsqu’il rassembla ses articles parus dans Le Progrès du Pas-de-Calais dans une brochure : L’Extinction du paupérisme. Pour « rendre propriétaire la classe ouvrière qui ne possède rien », il y prônait « un réformisme étatique » inspiré des idées de Louis Blanc, Saint-Simon, et surtout de Fourier, puisqu’il y était question de phalanstères.*
Fourier les avait imaginés dans son doute absolu de l’ordre social, qui n’avait jamais épargné les foules de l’indigence, ni aux pouvoirs évité les révoltes. Il fallait inventer un tout autre système de rapports humains, qui n’avait encore jamais existé. Fourier l’établit sur sa théorie de l’attraction passionnée, autrement dit de la prédilection qui entraîne chacun vers une tâche particulière. Il l’imagina à partir d’une dynamique qu’il supposait dans le monde moral, analogue selon lui à celle révélée par Newton, régissant l’univers.
L’harmonie universelle
Les principes de l’attraction, une fois définis, et bien utilisés, devaient naturellement déboucher sur l’harmonie universelle. En démonter les mécanismes permettrait en effet d’établir de nouveaux rapports humains fondés sur l’association volontaire. Les groupes ainsi constitués devaient se consacrer à des travaux que les goûts différents de chaque individu sauraient rendre attrayants. Restait à les répartir dans ces communautés que seraient les phalanstères.
Et Béranger lui-même n’y fut pas insensible, lui qui se voulait le poète de la plèbe moderne.
« Travaille, groupé par phalanges,
Dans un cercle d’attractions. »
Serge GRANJON
*Charles Fourier (1772-1837) a imaginé une nouvelle société européenne, composée de petites unités coopératives de production, les "phalanstères". Cette utopie de l'ère industrielle a influencé des générations de penseurs socialistes.
Le coup de gueule de Pierre Thevenin :
Christine Boutin, invitée de Parlement Hebdo samedi dernier, a déclaré que les critiques sur son double salaire l'avaient
profondément affectée.
D'autre part, quand elle a été exclue du gouvernement, elle comparait la nouvelle à celle reçue par les parents des
victimes dans le crash du Boeing.
Il faut quand même rappeler le commentaire de cette bonne chrétienne quand, en 2008, Chantal Sébire, atteinte d'une
maladie incurable, demandait à être euthanasiée :
"Je suis scandalisée qu'on puisse envisager de donner la mort à cette femme parce qu'elle souffre et qu'elle est
difforme".
Pour le mépris elle ne craint personne et Sarko l'a sans doute virée parce qu'elle lui faisait de l'ombre. On n'a pas le
droit d'être plus méprisant que le Président de la République.