Mise en garde
Le juke-box de la plage s’avère être braillard
Et les marchands de glace font dans la galéjade
Les baigneuses se pavanent et ajustent leur rabanes
Que les rafales emportent sans jamais crier gare
Les vagues en pagaille viennent écorcher la plage
Et gifle la marmaille qui piaille sur le rivage
Attention tout d’abord aux gros galets retors
Ils sont là avant tout pour vous faire du tort
Prévoyez je vous prie
Toute la panoplie du plagiste averti
A seule fin de brunir sans vous faire rôtir
Car le soleil radieux vous fait cligner des yeux
Et cette chaleur d’enfer est un présent des dieux.
Alain Ughetto - Poésie en Stéphanie - 2008
Photo Flirck
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
EN MONTAGNE
Le silence.
Il est seul au refuge. la nuit a pris possession de la vallée, a englouti La Grave et monte lentement à l'assaut du versant. le grand pic de la Meige se dresse tout rose, sous la caresse du soleil couchant. Pas un bruit, il est là, attentif, émerveillé, tout offert à ce soir, à cette heure, à ce lieu.
Il écoute ce qu'il croit être le silence. frôlement de l'air, bruit infime d'une roche, frémissement d'une aile invisible, soupir d'une fleur ou d'une herbe cachée, musique des couleurs qui vibrent dans l'air frais.
Ce qu'il croyait silence est la vie, en vérité vie intense des choses, à l'heure où l'homme dort. et cette vie saisissante ne peut-être perceptible que par le solitaire qui s'abandonne à elle pleinement.
Au matin.
Dès la porte ouverte, il reçut la grande gifle de la nuit et du froid. Il laissait derrière lui, l'atmosphère chaude et lourde du refuge. Les piolets, pris au râtelier, émirent un son clair et froid, comme la lumière qui tombait des étoiles.
Devant lui, sur les côtés, se devinait la masse sombre des éboulis et des sommets. Il sentit le froid le pénétrer et une inquiétude vague. C'est toujours ainsi au départ de la course. Il suivit Lambert. Il caressa de sa main, une roche glacée, et, coup à coup, la montagne entière le pénétra.
Ils allaient dans un monde minéral. le refuge avait depuis longtemps disparu. Les crêtes de Clouzis se détachèrent, frangées de vert, et le sommet des Ecrins devint rose sous la caresse du soleil levant. La lumière, peu à peu, toucha les Sagnes, glissa sur les Barres, coula sur le Glacier Blanc, où elle déposa du vert, du vert, du bleu, du rose, aux lèvres des crevasses et aux flancs des séracs.
le paysage était grandiose. Infiniment petit dans ce cirque de rocs et de glace. Il n'éprouvait plus de fatigue. dans moins de deux heures, il serait à la rimaye, marcherait sur le dôme, escaladerait les derniers rochers vers le sommet.A la fois humble et triomphant il serait un autre homme, hors du temps, presque immatériel, en totale communication avec l'infini du spectacle.
Felix Franc - Poésie en stéphanie - 2008