« L'idée selon laquelle, dans chaque secteur, dans chaque discipline, il faut qu'il y ait un premier, un deuxième et un troisième est une aberration. La compétition, c'est la volonté d'être meilleur qu'autrui, de le dépasser. Quitte à tout faire pour le détruire. Dans le domaine du sport, la compétition engendre le dopage, les pots-de-vin. Elle transforme des êtres humains en une nouvelle espèce, intermédiaire entre les humains et les monstres. Dans le domaine économique, elle génère les escroqueries, les actions malveillantes ou agressives entre sociétés concurrentes. »
De qui ces sages propos ? De Tapie ? Bien sûr que non! Du très regretté Albert Jacquard. A méditer.
Lundi 11 novembre : « C dans l'air » consacré, comme il se doit, à la guerre de 14. Invités : un historien (Nicolas Offenstadt), une historienne (Elise Julien), un général en uniforme (Christian Baptiste) qui gère le Musée des Armées aux Invalides, un journaliste (Carl Meeus), du Figaro (pourquoi pas un type de « Minute » ?)
Et les pacifistes ? Il y en avait au moins un de disponible et non des moindres : Marc Blondel ancien
secrétaire général de FO et Président
de la Fédération Nationale de la Libre Pensée mais il a été reçu dans l'émission « C à dire » qui précède celle de Calvi et il s'y est exprimé sous l'oeil comme toujours
mi-goguenard mi-indifférent d'Axel de Tarlé.
Qu'a-t-on appris au cours de ce « C dans l'air » ? Rien, sinon que cette guerre fut une boucherie (un véritable scoop!). A la fin, on a évoqué très brièvement le cas des quelque 650 fusillés pour l'exemple (dont seulement 43 ont été réhabilités) qui, a-t-on pu entendre, y compris de la bouche des deux historiens, n'avaient pas été tirés au sort et n'étaient sans doute pas exempts de tout reproche, même s'ils avaient des circonstances atténuantes (il paraît que la panique, ça ne se maîtrise pas! Pas possible!).
Prenons le cas des 6 « martyrs » de Vingré (ou plutôt les assassinés de Vingré) qui, s'étant repliés avec leurs camarades sur l'ordre du sous-lieutenant Paulaud, ont été traduits devant le conseil de guerre spécial où leur principal accusateur fut ledit sous-lieutenant (qui, du reste, avait été le premier à se carapater). Le 4 décembre 1914, les six condamnés furent exécutés. (on avait décidé qu'il y en aurait 6). Après la guerre, Paulaud fut jugé mais, les faits étant « trop anciens », il fut acquitté.
L'an dernier, je vous ai parlé de Jean Chapelant qui, fait prisonnier et blessé par les Allemands, était parvenu à s'enfuir et à rejoindre tant bien que mal les lignes françaises. Mal lui en a pris car il a été, lui aussi, condamné pour désertion. Vu qu'il avait une jambe en piteux état, il a fallu mettre son brancard debout pour exécuter la sentence dans les règles.
Pépère a proposé que les fusillés pour l'exemple soient admis au Musée des Armées ( chez le va-t-en-guerre
Baptiste ) ! Sous la pression de quel lobby ? Ras le bol de défendre un petit bourgeois qui va se pavaner à Monaco pendant que les Français sont dans la rue. En tant que Président du Conseil Général de Corrèze, signalons que le même Pépère
s'était prononcé pour une réhabilitation collective.
Heureusement, le 11 novembre au matin, je me trouvais à Saint-Martin d'Estreaux devant le monument aux morts pacifiste (Guerre à la guerre! Si tu veux la paix, prépare la paix!) : il y en aurait un peu plus d'une centaine sur les 36 000 communes que compte la France (voir mon coup de coeur du 23 février 2013). L'hommage fut aussi simple qu'émouvant. On a même attendu sagement que la cérémonie « officielle » soit achevée. Et en prime, après les discours, nous avons eu droit à une prestation de la chorale, bien connue à Saint-Etienne, « La Barricade ». Alors, entendre ensuite sur FRANCE 5 le général déclarer que ce qui compte, c'est toujours de préparer la guerre suivante...
Une pétition circule, sur le Net et ailleurs, pour réclamer la réhabilitation collective des fusillés pour l'exemple.
