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Le retour des bals populaires

 

Heurs et malheurs pouvaient compter sur le bourdon de l’Hôtel de Ville. Il avait étourdi la ville à l’armistice en 1918 ; comme il aurait su vibrer pour la Commune, lors du tragique mois de mars 1871, au temps rouge sang des cerisiers en fleurs.

 

Num-riser0073-copie-1.jpgMidi, jeudi 3 mai 1945… Lorsque son lourd battant fit résonner le dôme, certains crurent la guerre finie. C’était vouloir avancer plus vite que les Alliés. Et pourtant, à présent frappé au cœur par la chute de Berlin, le IIIe Reich agonisait.

 Si Clermont, comme Lyon, attendait prudemment la fin du conflit, Saint-Etienne, seule des trois villes de la région, donnait aussitôt libre cours à sa joie.

 

Un vertige contagieux

 

Les lycéens déferlaient dans les rues et formaient de bruyants monômes, quand les usines et les bureaux arrêtèrent, de leur côté, le travail à 17 heures. En début de soirée, la foule se pressa place de l’Hôtel-de-Ville pour entendre le maire, le président du comité de la Libération, et le préfet qui venait de lever l’interdiction des bals dans le département. En fait l’autorisation accordée, jusqu’au dimanche 6 mai, concernait uniquement les bals populaires des diverses organisations de Résistance. Quant aux débits de boissons, ils se voyaient consentir une fermeture exceptionnelle à minuit.

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Sur les places publiques, les couples se mirent à tournoyer. Il ne manquait plus que les lampions pour se croire revenu aux quatorze juillet d’antan. On dansa même à la Bourse du Travail. La foule s’abandonnait tellement à la liesse que certains cafés, emportés par les remous de l’enthousiasme ambiant, improvisaient un simple coin de piste, pour chavirer entre habitués, et rien qu’aux sons d’un pick-up.

Depuis le 11 Novembre 1918, jusqu’aux ferveurs collectives dans la victoire du Front Populaire, il ne s’était vu pareils tourbillons frénétiques…des classiques valses musettes aux figures les plus périlleuses du swing.

 

Fidèle aux traditions d’une joie générale, chaque quartier s’était illuminé, avait drapé ses fenêtres de tricolore, avec pour innovation depuis la Triple Entente des pavillons alliés, unis pour le meilleur et le pire…du moins tant qu’il leur restait encore un ennemi commun.

 

Serge GRANJON

Tag(s) : #le roman de l'Histoire Serge Granjon
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