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A partir du nom de personnages, connus, peu connus, voire inconnus, dresser une biographie imaginaire de l’un d’eux.

( thème atelier d'écriture du 10 mai 2010)

 

ASTYANAX

***

Un nom usuel ? Certainement pas ! Un prénom saintement répertorié dans le calendrier des postes.
Pas très catholique comme blase. Cette suite syllabique, chantonne à l’oreille d’un éventuel auditeur, tel en un phrasé des plus pharmacologiques, en suite de l’épellation  d’un anxiolytique générique, que le malade en souffrance psychique s’efforce à décrypter, au cœur de l’écriture synthétique du bon vieux docteur neurolinguistique, en bas de page de l’ordonnance psychiatrique.
Erreur maître Capello ! Point de camisole chimique sous ce vocable mystérieux.
Astyanax  roi de la Numidie occidentale, né en 264 av. J.C., mort en 202 av. J.C..
Très partageur et soucieux de parité, laissa régner sa petite sœur, la belle Amazone  Kainaxa sur toute la partie orientale de la Numidie, qui comme on le sait convient mieux aux femmes de par son taux d’humidité sèche et  froide à la fois.
Certains historiens spécialistes de l’antiquité épris d’histoires croustillantes, laissent transparaître dans leurs thèses, un soupçon d’inceste entre ces deux barbaresques mâles et femelles.
Ils cautionnent leurs dires affreux, sur les preuves en bande dessinée d’une tablette d’argile phénicienne, représentant Kainaxa, la tête courbée et les deux mains mystérieusement occupées vers l’entrejambe de Astyanax. Ce qui laisse supposer folle rumeur sur les mœurs, de cette gent royale.
Ce qu’ils ont eu en hâte de suggérer aux descendants berbères, de ces deux illustres Numides : c’est que leurs respectables ancêtres ont semé la sénilité précoce, dans le patrimoine génétique de leur peuple, par l’entremise de mœurs dévoyées.
Que les Chaouis, les Chleus et autres peuples Kabyles, se rassurent, que nenni, c’est bien dû au docteur Elsheimer, que l’on dénote d’oublieuses attitudes intellectuelles, chez ces peuples à fortes traditions orales.
Pour ce qui est de l’équivoque image de la tablette d’argile phénicienne, nos pseudo histrions auraient-ils occulté volontairement, les coutumes couturières de nos Numides honorables ? Qui par superstitions extériorisées et prudences intériorisées, ne se laissaient coudre le vêtement à même la peau, que par leur parentèle proche, ceci quelle que soit leur caste respective, qui plus est, une telle pratique était des plus recommandables, au sein de la caste royale.
La terrible suspicion de mœurs dissolues chez ce peuple millénaire fut ainsi déjouée, grâce aux recherches minutieuses de notre cher Alain Decaux, de l’Académie,  vu à la télé, qui prouva que les fameuses tablettes d’argile phéniciennes faisaient office de préceptes aux bonnes mœurs, pour de nombreuses générations aristocratiques Numides. Ouf ! Point de scoop berbère télévisuel, disséqué faussement subtilement chez Mireille Dumas.

 

Revenons-en aux faits et gestes remarquables de l’illustre Astyanax, en compagnie de sa sœur Kainaxa, il unifia les multiples tribus numides, en leur conférant à chacune les places qui leur revenaient de plein droit, les uns agriculteurs, les autres éleveurs nomades, certains sédentaires commerçants, d’autres commis voyageurs, sans omettre une bonne part de scribes, d’artisans.

Les errants et hors castes en tous genres, ne craignaient aucunement les humeurs de quelques milices, interdites au demeurant, puisqu’ils furent sacralisés et nommés intouchables. Il pacifia le pays, édifia les fondations de la future Carthage, fit fleurir le commerce équitable des royaumes nègres, en une prémice d’union africaine.
Ses talents d’agronome, lui permirent de faire reverdir une bonne partie du désert, avant le désastre écologique, que l’empire romain lui fit subir, lors de conquêtes gourmandes en boiseries diverses.
Sa flotte légère et expérimentée, bien avant l’heure, lui rapporta de la dinde et le maïs, sans omettre le tabac qui sied mieux au kif, en un mélange à fumer, en vente chez l’apothicaire du village.

La médecine aryuvédique fut rapidement enseignée et diffusée, dans chaque recoin de Numidie. Le reste du troc n’était que pacotille. Loin de lui tout esprit spéculatif, sur les matières premières et autres denrées essentielles. Il prônait plutôt l’autosuffisance, le commerce solidaire, voire la décroissance, au grand dam de quelques ouailles arriérées, irrémédiablement  dépensières, puisque issues des branches trésorières kaïnites.
Il cartographia secrètement l’ensemble des eaux et autres vastes terres sous le ciel.
Il tissa en une soie solide, des liens fraternels avec les peuples extrême-orientaux.
Le septentrion, le laissa indifférent sachant intuitivement, que sa descendance en aurait tôt fait d’en connaître et à en subir toutes les affres de la barbarie.
La monnaie qu’il fit frapper à l’effigie de la faune et de la flore des contrées, des deux royaumes numides, véhiculait une véritable influence bénéfique des plus spirituelles. A chaque naissance, le nouveau-né se voyait octroyé le nécessaire de subsistance en pièces renouvelables, telle une allocation universelle. Point d’usure en Numidie, encore moins de pauvreté non désirée. 
Les arts traditionnels furent portés au sommet de l’expression imaginale.

 

Tout fut conçu en harmonie des plus naturelles, fixant le Numide à une place, au sein de la création, des plus naturelles, permettant à chacun le dialogue avec l’Ange.
Il abolit l’esclavage et anoblit les affranchis, ainsi la démographie fut sauve.
Son règne bicéphale se traduisit par une paix des plus relatives, sans esprit de conquête ou autres impérialismes usurpateurs.

La caste guerrière, n’était entretenue que par pure dissuasion. Les parades militaires se limitaient aux joutes d’hiver et de printemps. 
Par ailleurs, en matière religieuse à titre personnel, il opta pour le Véda, laissant libre le peuple en ses pratiques animistes ancestrales et les nobles s’enticher d’hellénisme mondain.
En ce qui concerne ses amours, ils les partagea tout au long de sa vie, avec Philosophaxa, qui telle Cendrillon, lui ravit le cœur, par l’entremise d’une babouche égarée.

Cette dernière sage roturière, se contenta de son trésor amoureux, pour demeurer en arrière-plan de l’échiquier royal. Ne fut-elle pas l’instigatrice, de par sa vile naissance, de moult suggestions miséricordieuses, à l’instance de son noble époux ?
 

Mais au seuil de la mort, une déesse celte l’avertit en songe que son rejeton le roi Syphax, conçu par amour de la belle Philosophaxa, joueur impénitent devant l’éternel perdrait le royaume numide occidental, lors d’un coup de dé avec Scipion le romain, dit Scipion l’Africain. Avait-il seulement six pions dans son jeu d’échec et mat ? Malgré cette interrogation irrésolue, même par le révérendissime Alain Decaux, il ne se gêna pas, au passage d’étendre la dette du perdant, pour copuler avec sa cousine, la douce Carlitaxa, fille de Kainaxa et par là même annexer la partie orientale de la Numidie.
Ce triste coup du sort, mit un terme définitif au rêve Numide, cela en était fini de la pax Africana.
Astyanax mourut parfaitement pur et toute sa proche parentèle à sa suite, conformément aux rites védiques, s’offrit au feu purificateur de Brahma, en mémoire de lui et pour la postérité du peuple Berbère.
 " Mieux aurait-t-il valut qu’il eût baisé avec sa sœur ! " s’écria Néron, dans un rêve incendiaire.

 
 Texte et tableaux d'Hacène Bouziane

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