Les Philosophes
Tous ces noms passés au feu de l'histoire
Et qu'on t'a prêtés, timide étudiant,
De Brest à l'Oural, vivent d'expédient
Et n'ont pas fini leur réquisitoire !
Tous ces noms glissés aux pages du temps,
Qui philosopaient dans les feux de l'âme,
Avaient bien prévu la plus grosse lame
Mais d'autres rouleaux brisent leurs sextants !
Tous ces noms gravés aux frontons scolaires,
Le cerveau brûlant de prospérité,
Qui prêchi-prêchaient pour l'austérité
Perdent la raison dans d'autres colères !
Tous ces noms classés pour le souvenir,
Dans le garde-à-vous de tes étagères,
Braderont bientôt leurs rentes viagères
Et les vérités qu'ils croyaient tenir !
Tous ces noms trompés par leurs rêves mêmes,
Baignés au formol d'un in-octavo,
Brûlent d'impuissance à Sarajevo...
Et ne sauront même pas que tu m'aimes !
Décembre 1992