Cette chanson est l’un des plus fameux tubes des années 1950. A travers elle on va évoquer ces années-là.
Les moyens de diffusions n’avaient rien de commun avec ceux d’aujourd’hui, mais quand un titre plaisait, on avait droit à plusieurs passages par jour à la radio. La télé à une seule chaîne ne couvrait pas encore toute la France en 1956, année de sortie de la chanson. L’acquisition d’un récepteur n’était pas à la portée de toutes les bourses. L’électrophone représentait également un produit de luxe.
A titre d’exemple chez nous en 1956, l’émetteur du Pilat venait d’être mis en route, le programme expérimental ne devint complet qu’en 1957. Cependant toute la partie sud de la ville a du attendre quelques années encore l’émetteur du Guizay pour couvrir cette zone qui ne pouvait être atteinte par le Pilat.
Cette année-là on ne disposait que de très peu de stations radio. En petites ondes on captait radio Lyon, et en grandes ondes Paris inter et Europe numéro 1 qui entamait sa première année de diffusion avec beaucoup de difficultés. D’ailleurs en arrivant aux studios Francis Blanche s’écriait à chaque fois « La faillite nous voilà ». La moitié nord du pays captait en plus Radio Luxembourg. Radio Monte Carlo émettait en petites ondes et ne couvrait que la Côte d’Azur.
A propos de René Louis Lafforgue et de la télé, je connaissais une dame assez vieille France qui avait été outrée… En le voyant boire au litre (autre époque !).
Il y avait eu a Paris un concours de sosies, et le gagnant était celui de René Louis Lafforgue, c’était d’ailleurs un garagiste stéphanois qui avait été couronné. J’avais eu l’occasion de le rencontrer, la ressemblance était frappante. Il nous avait raconté quelques soirées mémorables avec son modèle.
La chanson avait été interprétée par de nombreux artistes. On peut citer Colette Renard, Annie Flore, François Deguelt, Lucien Jeunesse, Philippe Clay et sans doute bien d’autres dont je n’ai pas eu connaissance.
L’accordéon lui fit la part belle, Yvette Horner, Aimable, Jo Privat, André Verchuren, Maurice Larcange, Emile Prudhomme et forcément une quantité d’interprètes moins connus l’ont jouée. Comme cela se passera plus tard pour Le Clair de Lune à Maubeuge, un film du même titre a vu le jour en 1959.
En 1967 René Louis Lafforgue trouva la mort dans un accident de voiture.
Tous ses amis avec Georges Brassens en tête étaient venus à son enterrement, et lorsque ce dernier pris le sillage du corbillard tous les autres le suivirent. Malheureusement il s’était trompé de fourgon mortuaire et un inconnu a été accompagné à sa dernière demeure par des célébrités.
Jean Paul Clair