Gilles compagnon : Se poser ...
Se poser
dans le guet-apens
de toi,
amour dolente,
piège d'encodage,
décollage tapissé,
attendre le viol
mathématique,
me laisser enfermer
dans le creux
de tes jambes,
à genoux ouverts
en la clôture flèche,
à la calende logique
de ton ventre;
happe-moi,
jouis-toi,
ébauche le fer,
dérobe l'acier,
de ce que de moi
tu prendras librement,
donne et prends
ce que tu avais prévu;
tu as tant de vouloir
et moi tant
de lâcher-prise,
tant de laisser-aller,
tant de vertiges
d'ouverture
sers-toi
copieusement.
La vie ne dure pas,
minuit l'heure qui crame,
minuit l'heure du crime,
minuit l'heure du râle
minuit l'heure du drame,
minuit l'heure du brame,
j'y ai hâte
je m'y hâte d'aise.
Abandonne-moi
au talus de la mare,
je suis mûr pour mourir
en ton flanc rauque,
me donner au bûcher
me brûler à tes planches
de concert et de larmes,
d'envol et de doute,
j'enclos en ton pré
je pelisse à ta joie,
je plisse à ton sein,
je bois à tes veines,
je plante en ton sang,
sème-moi en tes terres
nais-moi de ton antre
de ton nid d'abandon...
J'en tomberai
et bien sûr,
je survivrai...

Photo Julie Ladret