Gilles compagnon - Poésie
Je voyage à l'ordre doux d'abandon
compartiment première classe
sur roues lovées à essieux velours,
menotté en liesse à son miel d'azur.
Abeille chaude en sucre à ses sels,
fondante sur ce corps qui danse;
toccata improvisée d'un couple à l'unisson
entre de longs bambous d'Argentine.
Pas de deux au long point valsé
et chaloupé à son tangage tango.
J'aime à me brûler à ses horizons;
ces burlesques cibles
si ointes et fauves,
ces pleureuses issées
à son séisme animal
sur le perron d'accueil
de ses ouvertes cuisses.
Les mots montent leurs sèves,
sèment leur graine,
fustigent sous la soie
sa fraise rose non encore
assouvie,
ses suints nacres d'aiselles
obliques
et des suées d'entre-seins
divines,
ses roucoulis-mamelles
lourdes
où se nourrit ma charge
cristalline
que je gobe toute ronde
en bouche.
Ma blanche belle ilotière luisante,
tendre Babayaga,
mon phare d'en Ré,
je te boulotte d'entre-forêt
résine
et t'enserre superbe jusqu'à
ta cime.
Je m'incline à ton antre
et j'entre en toi sans sourciller
ô douce oblongue reine à ma ruche.
Laisse couler
tout ton nectar muté
au bord de mes lèvres alertes
et donne-toi légère
toujours et encore
ce soir si bas
au bois joli de tes nues
éponges gourmandes...
