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Quand un texte en voile un autre, 
Écrans multiples de l'Asie lointaine

Ô la douceur de toi, enfant, celle qu'on ne dit pas
Ton menu visage était parfait. Ma main englobait 
Ton crâne translucide, fragile comme une coquille
J'égrenais toujours, la nuit venue, chaque vertèbre
De ton dos frêle et j'appuyais tout doucement
Sur mon ventre, la chair tiède de ton corps rond.
Enfant si tendre, écarté de mes souvenirs

Avant et outre vie, Mémoires passantes, 
Famines de l'attente et Cruauté béante 
Une canicule de néant séchait mon ventre. 
On écorchait encore vive une planète pelée.
Et dans un bordel, on écartelait des enfants. 
Aujourd’hui un toy man pudique me protège.

Une planète brûle : enfants le savez-vous?
Au loin, le brasier fait une blessure énorme 
Et son souffle de dragon enflamme la nuit 
Je mourrai dans les fumées, faute de poumons 
Fera-t-il rouge cette nuit encore, mon Amazone, 
Avec des nuées penchées à tous les horizons?

Au matin, nous ne dormons pas. Quand le gros 
Du sommeil a fini de s'étirer aux draps de la nuit 
Je te cherche à tâtons. Sans même pouvoir me cacher 
Dans tes longs bras : tu vis là-bas si loin. Enfants
Mal grandis, nous préférons jouer avec nos plumes. 
Vite, froissons-nous les cheveux par pure tendresse

Un fil noir s'étire à même le ciel clair
Serons-nous ombres ou feux follets?
La flèche rouge du désir reviendra-t-elle
Danser aux longs couchants d'hiver
Quand les grues courbent le cou, 
Sur la plage embrasée de désirs égarés

Danserons-nous encore dans la mort 
En nous enveloppant d'une aile tendre ? 
Comme avant, de mes paumes, en coupe,
J'effleurais ton parfait visage bleu ciselé. 
Et qu'à bouche offerte, je buvais ton âcre sève, 
Écartelée à même le sol mouillé d'un monde vert.

Ô la douceur de toi, enfant, celle qu'on ne dit pas.
Ton menu visage est parfait. Ma main englobe 
Ton crâne translucide, fragile comme une coquille.
J'égrène toujours, la nuit venue, chaque vertèbre
De ton dos frêle et j'appuie tout doucement
Sur mon ventre, la chair tiède de ton corps rond.
Enfant si tendre, écarté de mes souvenirs

John Forna

Tag(s) : #Poésies
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