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Si je vis encore, tout cabossé, tout cabossé,
Les freins usés, usés, usés,
Le démarreur de plus en plus lent, si lent, si lent,
La carrosserie défoncée taguée par les sauvageons du quartier,
C’est que j’ai encore dans mon moteur grippé
Un oiseau obstiné qui continue de chanter...
Que vient foutre un oiseau dans un moteur me direz-vous ?
Et j’y ai plus le goût, rien que du dégoût, dégoût, dégoût...
Le monde à dégueuler vraiment et qui lèche son vomi...
Où est l’océan tant promis et promis par qui ?
De quel paradis mort-né ai-je la nostalgie ?
Enfin, un paradis, je veux dire, un vrai, où l’on vivrait sans être mort  avant                                                                                                                             
Un paradis tout à fait laïque,
Sans aucun ecclésiastique...
Je me barbèle dans mes mots,
J’m’fais des bunkers, des miradors,
Je kalachnikov pour trouver l’âge d’or,
J’voudrais casser la gueule du langage avec un gros poétique pavé,
Et pan dans la gueule de ce monde trop vieux,
Et Schlaf ! un pavé dans la tronche de Jean-Paul de mes deux,
Il saigne tout son sang contaminant-miné dans le caniveau,
Il demande pardon pour les chats écorchés, brûlés, dépecés, éventrés
Par la Sainte-Eglise cathocolique,
Car jamais dans ses mea-culpa mea-culpoux,
Le Papounet-Papounou
N’a demandé pardon pour les matous...

Sabre goupillon coffre-fort toujours le même tiercé de la mort
Sabre, coffre-fort, goupillon,
A l’arrivée, toujours les mêmes sordides canassons...
Je crèverai de même pas avoir demandé trop de beauté...
Je crèverai d’avoir cherché en vain
Un simple monde où l’on puisse vivre
Et partager l’amour, le pain, le vin,
Sans que  leur Jésus-Cloux vienne nous emmerder
En  nous présentant sournoisement l’addition
De ce banquet de faux-jetons...
O vrai Jésus des Evangiles, je ne cherche point à blasphémer,
Mais vos dealers vaticanesques me font gerber...
Alors, je rêve d’un monde sans culpabilité.
Mais le petit oiseau dans mon moteur qui s’obstine à chanter, chanter,
Je sais bien qu’il va mourir
Ou que vous allez le tuer,
Alors, je mourrai aussi,
Pas content-content mais bien obligé...
Alors, s’il vous plaît, ne m’enterrez pas :
Brûlez-moi, brûlez-moi...
Et puis mettez mes cendres dans un sablier,
Dans un cenblier, dans un sadrier,
Et puis mettez ces cendres sur la cheminée,
Sur la cheminée bouchée où le père Noël est mort asphyxié.
De temps à autre retournez-moi dans ma prison de verre,
Et puis comptez le temps...
Le temps de cuire un œuf à la coque,
Le temps de cuire les cons à feux doux,
Le temps de compter le temps vous séparant de votre dernier rendez-vous          
                                                                                                   
Un jour, le sablier cassera.
Alors, peut-être renaîtrai-je de mes cendres dispersées,
Comme un petit phénix, eh oui, eh oui,
Comme un petit phénix, eh oui, eh oui...
Eh, dis, camarade, c’est où et quand,
Le vrai terrestre paradis ?
Ceux qui savent me devinent...
(Charles Baudelaire)
Tous les amis étaient partis,
Seuls, sont restés deux imbéciles
Pour t’emmener, mon vieux Pussy
Faire un dernier p’tit tour de ville.

Terminus clinique vétérinaire

Je te salue, Pussy,
Vieux matou
Mort à dix-sept ans par Euthanasie,
Le mercredi vingt-trois mars
Mil neuf cent quatre-vingt-trois,
A seize heures vingt,
Clinique des Platanes,
A Saint-Etienne,
Sur la planète Terre,
Sur cet astre,
Dans cet étrange univers
Que reflétaient tes yeux de chat.
Tous les amis étaient partis
Et toi tu étais encore là.
Ta dignité n’a pas failli,
Jamais tu ne nous renias...
Je te salue Pussy,
Anarchiste de salon, aristocrate de poubelle
Tu es parti le dernier..
Que tous les amis enfuis,
Les copains de gouttières
Sachent qu’en se fermant les yeux des chats
Emportent un peu de notre lumière...

 

Tag(s) : #Poésies
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