AMOUR D'ISTANBUL
Toute une ville en extase sur le Bosphore
dresse le ciel de faïence
sur de longs phallus de bronze
minarets ouvragés
surgissant des courbes de ses dômes.
Rectangle immense percé de portes
le grand bazar compact
aux trésors étalés.
La tour puissante des Génois
domine la Corne d'or
au vieux quartier de Galata.
Les infinies cohortes
d'automobiles incongrues
violant les rues
où marche Magnifique
l'ombre de Soliman.
Étrange épaisseur des hommes.
Gravité émouvante discrétion des femmes.
Et par-dessus la foule
un formidable silence
où le temps s'écoule
malgré moteurs et klaxons.
Des immeubles pas très hauts.
Des maisons petites mais nombreuses
d'un étage et parfois moins
en bois quelquefois
ou de bric et de broc
qui côtoient sans complexe
des églises orthodoxes
aux fresques lumineuses
face aux mosquées sublimes.
Des allures de Paris au temps des cathédrales
un air de moyen-âge mais insolent
que submerge toujours cette mer continue
de véhicules bruyants
de théories d'envahisseurs curieux et futuristes.
Oui je t'aime Istanbul
comme on aime une femme
qui serait d'autrefois et de toujours
de jadis et de maintenant.
Sur ce beau navire qui m'éloigne
déchirant le peu qui me reste à vivre
j'emporte tes passions et ta sagesse ancienne
j'engrange tes bijoux avec mes rêves
je serre ton souvenir entre mes bras
la pesanteur heureuse de tes chairs fragiles
la sereine mouvance de tes hanches
quand de salaces danses sacrées
mettent en exergue ta beauté.
Istanbul
port immense face à l'occident
tous les tapis de tes mosquées
amortissent le temps.
