Arkel : recueil " Mordre et Tenir "

j'attends tous les jours
ta lettre, comme un billet doux
ange et diable 
je prendrais un train 
pour venir t'embrasser
j'ai amassé des baisers dans une valise
je viendrais remplacer les fleurs que tu as oublié
quand tu es partie en claquant la porte 
le chien est couché sur la valise
les baisers ne pourront pas s'envoler
le chien non plus
cette nuit j'ai couché avec une autre femme
face de lune sur la figure
le chien a grogné
ne reconnaissant pas cette peau
il a fait la gueule 
j'ai joui dans cette femme
qui avait le cul tourné à ma faveur
je n'ai pas voulu voir ses yeux
j'y aurai décelé ma dégueulasserie 
ange et diable
j'essuie un foutre qui n'a rien à faire sur ces cuisses là
vieille étoile ramassée dans ma rue sillon
le chien a grogné pourtant
j'aurais dû me méfier
ou me pendre cette nuit là
une femme, des cuisses qui s'ouvrent au bon endroit
pauvre homme, ange et diable 
j'entends les murs pleurer
le chien est sorti 
raccompagnant l'inconnue
et la mordre pour qu'elle ne revienne pas
j'entends les murs pleurer
où est-ce le chien ? 
et moi j'attends tous les jours
ta lettre, comme un billet doux
qui me dira... 
reviens