Amarrée au rivage, sous l’entrelacs des roseaux
Une barque bleue tangue sur les eaux nonchalantes
Un fleuve s’évente.
La ligne d’horizon se perd dans le delta
Où se mêlent déjà aux senteurs fluviales
Les embruns de la mer
L’ombre d’une chimère plane sur la quiétude
De l’onde affranchie qui attarde son cours
La fin de son voyage, dans le lit infini
Des longs marécages
L’Èbre aux eaux lestées d’une longue épopée
Nous offre l’allégorie du ciel, de l’eau, de la terre
Dans un hymen éclatant sous un rai de lumière
Le regard s’est perdu dans la vaste étendue
Où règne l’absence et pourtant tout est là
Dans tout ce qui s’en va
Tout ce qui commence
Une barque bleue tangue sur les eaux nonchalantes
Qui passent indifférentes, emportant avec elles
Le destin des hommes sans que rien ni personne
Ne vienne les troubler
Et pourtant, et pourtant, l’aviez-vous oublié ?
Elles étaient rouge sang, rouges du sang versé
Par tant d’hommes tombés pour ce qu’ils ont nommé
Libertad, Liberté.
Photo Jordi Chueca