TERRA TOSCANA
La terre est pâle
Couleur cendre
Ici, chaque ligne se courbe
Comme pour adoucir la tragédie du monde.
Ce pourrait être un jour d’été. Il faut imaginer
Des cités entourées de murailles aveugles
Où jaillissent des tours, des puits sans fond
Où de vastes églises brodées de marbre blanc
Veillent paisiblement sur de saintes reliques.
Surplombant les autels, des anges funambules
Y officient, perchés sur des retables d’or
Des chérubins joyeux, acrobates du ciel
Dont le sourire promet une extase éternelle
Au voyageur inquiet en marche vers l’au-delà.
C’est un été de feu.
Dans la touffeur du jour Bacchus féconde les collines
Quand un bruit terrifiant fait tressaillir son masque :
Un grondement funeste, vibrant à mille lieux.
Les églises vacillent
Une lampe se brise
Et la peur tétanise le sourire des anges.
Dehors, le ciel est bleu.
De Neptune on redoute la fureur incendiaire
Qui bouscule la Terre et embrase les cieux.
La terre est pâle
Lissée de vent.
L’ombre étoilée du soir éclaire les collines
Et l’Homme tremble encore sur la terre des dieux.